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Stéphane Mertens > La vie à fond

Une semaine avant le Bol d’Or, Stéphane à répondu à quelques questions. Un voyage au centre de la passion en quelque sorte.

Le week-end des 15 et 16 septembre aura lieu la célèbre course du Bol d’Or sur le circuit de Magny-Cours en France. Cette cinquième manche du Championnat du Monde FIM QMMF Endurance est la dernière course de 24 heures de la saison 2007. Elle sera déterminante pour l’attribution du titre écurie.

En plus des teams réguliers pour le championnat du monde, le Bol d’Or accueillera les deux motos de BMW Motorrad Motorsport qui ont fini cinquième et neuvième à Oschersleben, et qui se sont emparées de la victoire en classe Open. Celui qui y assistera depuis la pit-lane n’est personne de moins que la légende de l’endurance, Stéphane Mertens. Le Belge âgé de 48 ans devait rouler avec le team BMW d’usine cette année mais, en raison d’un accident pendant une séance d’essais sur l’une des pistes d‘essais de BMW dans le Sud de la France, il a dû renoncer avant même le début de la saison.

En tant qu’ancien champion du monde d’endurance, pilote de Championnat du Monde de Superbike et double champion de BMW Motorrad Boxer, Mertens est tout sauf étranger à la victoire. Il a gagné pas moins de 87 courses et a fini plus de 150 fois sur le podium durant sa longue carrière. Dans une interview exclusive, Mertens explique pourquoi il vivra chaque tour auprès des pilotes de BMW Motorrad Motorsport le week-end prochain à Magny-Cours.

Vous devez être très déçu de ne pas courir cette année avec BMW?

Absolument. Déçu et frustré. Ce fut long (l’accident s’est passé en mars) mais je suis de retour au fitness et j’y travaille quotidiennement. Je peux conduire une voiture et certainement aussi une moto mais pas en compétition.

Le monde de la course a cru que vous vous retiriez l’an dernier et que vous pensiez vous consacrez à la gestion d’un team ?

J’avais décidé de me retirer à la fin de l’année dernier – j’ai quand même 48 ans – mais j’ai alors reçu un coup de fil de Berti Hauser qui m’a parlé de ce nouveau projet d’endurance et cela m’a beaucoup excité. BMW voulait mettre à profit mon expérience et mes capacités de développement d’une moto pour construire un nouveau team en Championnat du Monde d’Endurance ainsi que développer la nouvelle R 1200 S. J’ai beaucoup d’expérience en endurance au niveau mondial et tout autant en matière de boxer sport ce qui fait que j’étais très heureux d’être utile.

Vous remplissez donc un rôle d’ambassadeur de BMW puisque vous ne pouvez pas courir?

Oui, je suis autant dans le team que possible. J’étais à Oschersleben et je serai au Bol d’Or aussi. C’est très frustrant pour moi d’être blessé. Après tout, celà aurait pu être ma 29ème saison de course cette année. Je suis heureux d’être utile mais j’aurais évidemment préféré être sur la piste mais il me faut être patient.

Travaillez-vous beaucoup à votre revalidation?

Autant que possible. J’ai eu cet accident au premier test que j’ai effectué pour BMW au début de cette saison. C’était sur un circuit privé près de Marseille avec pour résultat, la hanche fracturée, l’épaule et un pied cassés. J’ai passé près de deux mois dans un hôpital et marché avec des béquilles pendant près de cinq mois. Le résultat est que j’ai perdu beaucoup de masse musculaire. Je suis un programme de revalidation dans un centre spécialisé au Luxembourg qui est très moderne et bien équipé.

Vous avez couru dans toutes sortes de disciplines à travers le monde mais quelles sont les qualités nécessaires pour une course de 24 heures?

Tout d’abord vous devez être un pilote expérimenté. Cela semble évident mais en endurance il est primordial pour le team et la machine d’aller au bout de la course. En tant que pilote, il faut être capable d’éviter de faire des fautes, c’est là où l’expérience joue son rôle. Le rythme est très rapide tout au long de la course et la concentration mentale est très importante, surtout vers la fin de l’épreuve. Avoir une condition au top est aussi très important car c’est assez éprouvant pour le corps.

Quand vous roulez pendant des heures et des heures, avez-vous l’impression de rouler contre les autres ou contre vous-même pour réalisez des temps constants ?

Courir est toujours plus facile quand vous avez quelqu’un que vous essayez de battre. Une lutte « visuelle » avec un autre concurrent aide énormément et rend la course plus agréable! Vous pouvez aussi être très motivé par l’information que vous lisez sur le panneau présenté par le stand qui vous rappelle que vous n’êtes pas seul bien qu’en un sens vous l’êtes. Un pilote a besoin de motivation parce qu’il y a des moments plus difficiles quand on est seul en piste. On a besoin de sentir que le team est avec soi et que l’on a la bonne information. Une heure de course peut sembler très longue quand vous fatiguez au milieu de la nuit et que votre corps vous dit que vous devriez dormir.

Comment gardez-vous votre concentration aussi élevée?

Tout repose sur la préparation mentale et il en va de même pour une course sprint ou d’endurance. J’ai appris des techniques de relaxation mentale en Chine et j’ai aussi eu différents enseignants qui m‘ont aidés à me concentrer. Plus tard j’ai également développé mes propres techniques de visualisation qui me maintiennent alerte quand je suis sur la piste.

Comment faites-vous avec le bruit sûr et autour de la piste ?

Le bruit n’est pas bon pour la récupération. C’est pourquoi je porte toujours des bouchons dans les oreilles quand je roule. Au début, je n’en portais pas en GP ou World Superbike mais en endurance j’ai réalisé que c’était très fatiguant de rester sur la selle pendant de longues périodes sans ces bouchons. J’utilise aussi ces bouchons quand je me repose mais je mets des écouteurs en plus comme protection complémentaire. Sur un circuit ce n’est pas seulement le bruit des motos qui vous fatigue mais aussi les bruits du paddock en général, générateurs, haut-parleurs, spectateurs…

Pendant les périodes de repos est-il possible de dormir où y-a-t-il trop de choses qui se passent ?

En course d’endurance, vous roulez en général une heure suivie de deux heures de repos mais il est pratiquement impossible de dormir. J’ai généralement besoin de physiothérapie après chaque relais car je suis grand et j’ai des soucis au cou en roulant à haute vitesse pendant longtemps. J’ai toujours besoin d’un bon massage avant chaque relais. Vous avez aussi besoin de parler avec le team, de manger, de boire et d’être dans le stand au moins 20 minutes avant de prendre votre relais. Cela étant, je me réserve en général une période de repos pour dormir aux environs de cinq heures du matin. J’avais l’habitude ne jamais dormir quand j’étais un jeune pilote mais il est important de savoir ce dont votre corps a besoin. Je suis plus strict aujourd’hui et j’ai besoin de plus de sommeil!

Que buvez-vous et que mangez-vous pour avoir la meilleure énergie possible?

Il est important de boire beaucoup car vous pouvez vous déshydrater facilement. Le point important est de manger peu mais souvent mais surtout de consommer un style de nourriture et de boisson que votre organisme peut absorber rapidement et qui libère l’énergie nécessaire. Des aliments solides comme des bananes, des pâtes ou alors des aliments offrant beaucoup de protéines comme le poisson ou le poulet sont bons. Je bois habituellement de l’eau mélangée à des vitamines et des minéraux.

Penser-vous que ce soit courageux de la part de BMW de développer une sport Boxer R 1200 S modifiée au vu et au su des medias?

C’est le choix de BMW d’agir de la sorte et c’est courageux. La société a démontré au cours des années passées avec la Boxer Cup et la Power Cup – et cette année avec l’endurance – qu’elle a un vrai esprit « course ». BMW veut être de la partie et se rend compte que la R 1200 S est la meilleure machine pour démontrer ses capacités. Leur confiance en ce modèle s’est avérée exacte et ses capacités ont surpris de nombreux fans et autres motards.

Le Boxer a-t-il un avantage par rapport aux motos quatre cylindres?

Tous les top teams et les habitués du championnat d’endurance sont bien sûr très véloces mais le team BMW Motorrad Motorsport s’est révélé particulièrement performant dans la gestion de ses pit-stop. Après seulement quelques courses, BMW est aussi rapide que la majorité des top teams mais comme son besoin de ravitailler en carburant est moindre que les autres (grâce à une meilleure économie en carburant du Boxer) ceci a pour résultat de faire 6 arrêts au stand en moins sur la durée d’une course de 24 heures. Il n’y a pas d’avantage en termes de vitesse ou de puissance par rapport aux quatre cylindres mais les autres pilotes ont été surpris par la capacité de freinage de la R 1200 S ainsi que par sa vitesse dans les virages là où vous pouvez vraiment utiliser son couple élevé et doux. Les conditions de piste techniques d’Oschersleben convenaient à BMW, ce qui ne sera plus le cas à Magny-Cours.

Comment qualifieriez-vous le circuit de Magny-Cours?

C’est un beau circuit et les BMW pourraient y être bien mais c’est un circuit rapide avec une section longue et rapide ce qui rendra les choses plus difficiles pour BMW en raison de leur léger déficit en pointe de vitesse. De plus, il y aura un grand nombre d’équipes françaises en plus des équipes habituelles. Les performances et la stratégie du team BMW Motorrad Motorsport se sont fort améliorées depuis la première course cette année au Mans. Ainsi une place finale dans le top 15 serait un très bon résultat au Bol d’Or, de même qu’une victoire en classe Open. Personnellement, j’aime les pistes rapides comme Spa-Francorchamps, Assen et le Mugello.

Avez-vous aimé rouler avec Nate Kern et Brian Parriott à Daytona l’année dernière?

Oui, c’était génial de gagner la première course Moto-ST sur la R 1200 S en octobre dernier. C’était une course de huit heures et un vrai test pour la nouvelle R 1200 S qui était pratiquement de série. La nouvelle moto est une belle évolution de la R 1100 S, surtout le moteur qui développe 20 cv de plus!

Quels sont vos plans une fois entièrement rétabli?

Depuis mon accident l’an dernier mon objectif a toujours été d’être de retour sur la moto pour le Bol d’Or. Mentalement, je suis prêt à courir à nouveau mais mon corps n’y est pas encore prêt. Dès lors, il est plus sage de ne pas prendre de risques. Je serais là-bas si je le pouvais, croyez-moi.